À cause
du réchauffement climatique, la taille de certains oiseaux migrateurs est
réduite. De plus, leur morphologie est modifiée. Autant de changements qui
menacent leur survie.
Les oisillons du bécasseau maubèche
souffrent de malnutrition à cause du réchauffement climatique. ©ARDEA
CONSÉQUENCES.
Ces trente dernières
années, le réchauffement dans l'Arctique a provoqué une réduction de la taille
et une modification de la morphologie d'oiseaux migrateurs qui se reproduisent
dans le nord de la Russie et reviennent passer l'hiver en
Afrique, a déterminé une équipe internationale de scientifiques. Les
oisillons, des bécasseaux maubèche (calidris canutus), qui naissent dans
la péninsule de Taïmyr sur la côte nord de la Sibérie centrale où le réchauffement du climat
s'accélère, ne grandissent pas assez avant le début de leur migration vers
l'Afrique de l'ouest parce qu'ils naissent trop tard et ratent la période où
les populations de moustiques, leur nourriture de choix, sont les plus
nombreuses, expliquent-ils. Leurs travaux ont été publiés jeudi 12 mai 2016 dans la revue américaine Science.
Double peine
Une analyse des images satellite de la
péninsule de Taïmyr depuis trente ans montrent que la neige dans les lieux où
ces oiseaux se reproduisent fond de plus en plus tôt avec la montée des
températures, au rythme d'un demi jour par an, soit actuellement plus de deux
semaines plus tôt qu'il y a trois décennies.
"Nous
avons observé que les jeunes bécasseaux maubèche que nous capturions le long de
la côte baltique en route vers l'Afrique étaient de plus petite taille après
des étés chauds dans l'Arctique", expliquent ces chercheurs dont Jan
van Gils du Royal Netherlands Institute for Sea, un des principaux
co-auteurs.
Quand ils arrivent dans leur habitat hivernal sur la côte de
Mauritanie après avoir parcouru 5.000 km, ces oiseaux sont de nouveau pénalisés
car la longueur de leur bec plus petit, est insuffisante pour atteindre leur
nourriture de choix, des mollusques bivalves enterrés dans les sédiments. Ils
sont donc contraints de se nourrir d'aliments nettement moins nutritifs et le
plus souvent dépérissent.
Malnutrition vs évolution
Les résultats de cette étude confortent
l'hypothèse selon laquelle le corps des animaux se réduit parce que le
changement climatique perturbe leurs capacités à consommer suffisamment de la
nourriture adaptée à leurs besoins au bon moment, entraînant une
malnutrition. Une autre hypothèse qui a aussi été avancée pour expliquer
cette évolution est qu'un corps plus petit est mieux adapté pour dissiper la
chaleur vu sa surface réduite.
Mais "étant donné que les oiseaux
plus petits survivent nettement moins que les plus grands, nous rejetons
l'hypothèse selon laquelle le rapetissement du corps procure un avantage de
l'évolution", conclut Jan van Ils.
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